Être un expatrié - Partie 1 de 2

Kamsar, Dimanche 17 mars 2013


Je réalise aujourd’hui qu’aucun billet de mon blogue n’a porté sur la vie en tant qu’expatrié… et pourtant! Le statut d’expatrié prend son sens quotidiennement. C’est un contexte en soi. Je ne suis pas en vacances en Guinée pour quelques semaines ou mois, je ne suis pas en visite chez des amis, je ne suis pas un résident de ce pays… je suis en mode ‘expatriation’.

Alors je commence… attendez… je dois tout d’abord introduire mon contexte à moi, qui pourrait être bien différent pour un autre expatrié.

Je m’introduis ici comme étant un ‘nouveau’ expatrié, première expérience de la sorte, aucun comparatif dans mes vies antérieures… canadien … québécois… habitué à la grande métropole (bon, c’est relatif, je sais) ayant œuvré principalement dans le monde des affaires. Je quitte donc la grande ville et mon setup de citoyen ‘branché’, je m’éloigne de ma famille et mes proches – situation géographique oblige… pour vivre l’expatriation. Et pas n’importe ou…

Je fais le saut vers l’Afrique… l’Afrique de l’ouest… plus précisément la Guinée-Conakry. Pays avec très peu d’infrastructure, espérance de vie autour de 48 – 50 ans (selon wikipedia), instabilité politique résultant en un avertissement clair sur le site web du gouvernement canadien pour les voyageurs ‘’Guinée – Évitez tout voyage essentiel’’.

Bon… ça c’est un coté de la médaille. Il y a également d’autres aspects tout aussi important sinon davantage : c’est un peuple qui a conservé sa culture africaine, c’est un pays riche en ressources naturelles, c’est un climat tropicale à deux saisons, c’est la Guinée!

OK, je me suis attardé suffisamment sur l’introduction, petit dérapage matinal involontaire ;-)   Alors voici la vie d’expatriation selon mon expérience que je regroupe en 6 constats… que je répartirai en 2 billets de 3 constats chacun… vous me suivez toujours?  Voici donc le premier billet…

Constat #1 – Merci pour la prise en charge par l’entreprise

Dans mon cas, l’expérience est née par l’obtention d’un contrat de travail. Cela veut dire, en d’autres mots, que l’entreprise pour laquelle je travaille prend beaucoup d’aspects sous sa charge…. Cela fait toute une différence dans une expérience d’expatriation :

--> L’hébergement est fourni, maison de base mais quand même très bien, localisée en face de l’océan (ça, je l’apprécie à tous les jours).

Il y a un problème quelque part dans la maison?  il suffit de faire un bon de travail pour faire corriger la situation! Allez hop!

Et l’hébergement surpasse la qualité moyenne du pays… sans quoi je risquerais de me retrouver dans une ‘maison’ en terre battue et toit de paille… disons que je ne serais surement pas assis sur le même genre de terrasse ce matin pour écrire ce blogue…


-->  Les infrastructures de base sont là pour les employés locaux et expatriés de l’entreprise. Electricité et eau courante. Normal vous dites??  Pas du tout pour la Guinée… pays très pauvre en infrastructure, je le répète! J’ai eu la chance de visiter plusieurs pays jusqu’à maintenant… et c’est la seule capitale que je connaisse qui est pratiquement sans électricité et eau courante… imaginez le reste du pays.

-->  Une situation problématique survient avec les autorités policières ou l’armée, un problème de santé fait surface, un climat d’insécurité se produit dans le pays… l’entreprise met tout en œuvre pour supporter les gens provenant de l’extérieur du pays. On est pris en charge!

-->  Il y a bien sur d’autres avantages pour les expatriés en travail tel que la voiture, essence, nombre de vacances,  billet d’avions … tout est planifié pour faciliter la vie des gens expatriés durant leur séjour pour l’entreprise.

Je mets donc une grande emphase sur ce premier constat qui améliore grandement l’expérience d’expatriation… une situation non comparable à un individu qui s’expatrierait par lui-même dans un autre pays.

Constat #2 –  Faire partie de la minorité visible

En tant qu’occidental, je ne m’étais jamais questionner longuement à ce que devait être le quotidien pour quelqu’un faisant partie de la minorité visible. L’expérience d’expatriation en Afrique me l’a fait vivre pleinement, difficile à décrire, cela se vit!

En bref, il faut garder continuellement en tête que nous sommes  ‘blancs’ (‘fotés’), ne pas l’oublier, à chaque jour on demeure ‘visible’ et notre couleur signifie pour bien des gens ‘la richesse’. Essayer d’expliquer que c’est le résultat du travail, l’organisation ou toute autre philosophie… le résultat ne change pas beaucoup… les ‘fotés’ ont de l’argent.

Il faut s’attendre à se faire accoster régulièrement, partout, en ville ou en forêt, à pied ou en vélo… la couleur ne trompe pas… on vous demande de l’argent, on veut votre vélo, on a des choses à vendre à un prix de ‘Foté’… c’est la minorité visible qui est sollicitée.

Cela a aussi un effet sur vos déplacements… vous êtes en voiture, les barrages policiers auront … tendance… à arrêter le ‘foté’. Vérification de la voiture, vérification des papiers, vérification de… jusqu’à ce que l’on trouve la raison pour la contravention à prix de ‘foté’… mais il faut prendre cela à la légère, retour au constat #1, on est pris en charge et quelqu’un est attitré à la compagnie pour aider dans ce genre de situation.

Ce sont des situations qui nous rappelle que nous sommes ailleurs, un autre monde, ces sont des souvenirs qui enrichissent l’expérience d’expatriation.

Constat #3 – Voisinage entre expatriés

Nous sommes autour de 30 expatriés dans la ville de Kamsar, 30 personnes représentant la minorité visible (retour constat #2). C’est un petit groupe vivant une même expérience…. nous sommes expats, loin de nos points de repères, vivant dans un autre monde! Imaginez le contexte!!

Notre groupe d’expats, même s’il est peu nombreux, demeure quand même diversifié quant aux statuts civils et ethnies.

Coté statuts civils, on retrouve ceux qui sont venus avec leur famille, ceux en couples et ceux célibataires.

Ceux en famille sont plus impactés dans ce changement de vie. Les hôpitaux et les écoles prennent toute leur importance pour les enfants. La fin du contrat de travail a un impact sur la famille au complet. Par contre, la solitude est moins présente!

Il y a les gens en couple. Le contexte est alors bien différent pour chacun des conjoints. On retrouve souvent l’homme avec un poste au sein de l’entreprise alors que la conjointe demeure à la maison et doit s’occuper à sa façon durant les jours de la semaine. Le voisinage se crée souvent entre les conjointes durant la semaine. Il y a également les gens qui sont arrivés célibataires et qui se sont mariés et/ou demeurent avec une personne locale.

Il y a ceux qui vivent leur expérience seul ici qu’on appelle ‘célibataire’ sur le contrat de travail. Parmi ces gens, il y a ceux qui ont un(e) conjoint(e) dans leur pays, c’est alors un défi que de bien maintenir une relation de couple à distance.

Il ne faut pas négliger les différences culturelles entre expatriés. La majorité sont d’origine canadiennes (c’est mon cas également, on reconnaît mon ‘accent québécois’ ….) ou françaises. Il y a également quelques italiens, arabes et belges. Comme on s’en doute, les gens d’une même origine ont une facilité naturelle à se retrouver entre eux.

Ceci étant dit, les expatriés sont peu nombreux et certaines habitudes sont prises pour se regrouper de façon quasi-hebdomadaires :

--> Il y a ceux qui ont les talents de cuisiniers (ici… vraiment pas mon cas… désolé!) et qui partagent leurs expériences culinaires avec les invités expats. Diners ou soupers d’expats la fin de semaine sont souvent coutumes et donnent l’occasion aux gens d’échanger entre eux sur toute sorte de sujets variés!

--> Il y a l’organisation occasionnelle d’activités entre la gang! Piscine, plage, marche ou… ceux qui veulent venir, soyez les bienvenues!

--> Bien sur les soupers aux restaurants locaux… pour se retrouver entre expats! Toutes les occasions sont bonnes pour se retrouver entre nous.

Le voisinage entre expats peut cependant demander une bonne partie de notre temps ‘hors travail’, soit les soirs et week ends. Certains préfèrent vivre plutôt en solitaire, d’autres aiment recevoir les gens régulièrement… l’idée est de créer son contexte selon ses  choix.

La communauté d’expatrié se construit et évolue constamment. L’arrivée de nouveaux expatriés et le départ de gens en place sont courants, le réseau s’adapte, les affinités entre certains expats se créent, le voisinage s’ajuste… c’est le petit village d’expatriés.


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