Début de l'aventure

Montréal, Lundi 30 juillet 2012

Fin juillet, ça y est, je suis bel et bien assis dans l'avion pour le départ vers l'Afrique. Après plusieurs semaines de préparation, je quitte le Québec pour un contrat de travail en Guinée pour une entreprise nommée 'CBG' (Compagnie de Bauxite de Guinée).

L'avion décolle de Montréal et atterri à Paris 6 heures et des poussières plus tard. Un escale d'environ 4 heures pour ensuite repartir vers Conakry, capitale de la Guinée. Un autre 7 heures de vol et c'est l'atterissage. L'adrénaline est là et les derniers 24 heures sont déjà oubliés.. nous sommes maintenant en Afrique de l'Ouest.

Je suis en sol africain, en Guinée, l'un des pays les plus pauvres de la planète, qui a conservé sa culture et ses traditions. Tout est nouveau, aucune expérience de travail à l'étranger, aucune expérience dans un pays si pauvre,  ce qui m'attends est tout simplement de l'inconnu..  l'aventure débute maintenant!!

Je savoure chaque instant de mes premiers pas sur le sol africain. En quittant l'avion, c'est tout d'abord un air très humide qui surprend, et il fait chaud. Puis c'est le passage des douanes pour ensuite me retrouver dans la foule.

Il y a du monde, des gendarmes, des employés, des gens ... tous autour du caroussel des valises... je suis à la bonne place. On m'a dit qu'un employé de la CBG m'attendrait ici, je regarde autour et je vois ce beau petit carton que tient un Guinéen sur lequel est inscrit 'MORIN'... c'est moi, fiou, il est là. Il me demande "Vous êtes monsieur Mo-in",j'ai pas oublié le 'r', c'est le monsieur qui l'a pas prononcé....). Je confirme avec lui et nous récupérons ma valise.

Nous arrivons à l'extérieur, c'est très humide, c'est la saison des pluies.  Le chauffeur me conduit vers le chic hotel 'Mariador' dans lequel je passerai la nuit! Je monte à ma chambre supérieure à 160$, ouf!, mise à part le prix, la chambre est vraiment de base, mais il y a de l'eau et de l'électricité, une denrée rare dans la capitale.

Je remercie le chauffeur et nous convenons qu'il se présentera ici le lendemain matin pour quitter la ville (Conakry) et m'amener à Kamsar, à 4 heures de route environ. C'est à Kamsar que je vais demeurer pour mon travail.





KAMSAR .... "La Cité"

Kamsar, Samedi 4 août 2012

Je suis arrivé à Kamsar depuis quelques jours, c'est la ville dans laquelle je vais demeurer pour la durée de mon travail.


Kamsar, communémant appelée "La Cité", est la ville "riche" du pays, c'est une ville bâtie autour de l'entreprise CBG. Elle profite de nombreuses infrastructures fournies par la compagnie. On y retrouve donc de l'électricité (le courant est le 220 ici, il faut faire l'achat de transformateur pour nos appareils américains), de l'eau courante (limitée à certaines heures par jour, mais nous avons un château d'eau pour chaque maison pour faire des réserves), plusieurs écoles, un hopital, des routes asphaltées, un port de mer, ... et quelques petits "restaurants" et "marchés". Sachant que le pays ne possède pas d'électricité mise à part certaines sections de la capitale, on comprend rapidement que Kamsar est privilégiée.

La CBG fournit également les maisons à ses 2 400 employés. La ville a une population de 25 000 ou 80 000 ou... cela dépend à qui l'on pose la question!! Revenons aux maisons, que l'on appelle communément 'portail'. J'habite donc un très joli portail portant l'adresse numéro 'F6', situé à seulement une rue de la mer (non baignable) et seulement 2KM du travail.
Les modèles 'F' (référence à l'adresse 'F6') sont des maisons jumelées pour les gens seuls et possèdent 2 chambres, cuisine, salle à manger, salon et salle de bain. Les cours extérieures sont grandes et peuvent être aménagées aux goûts des "locataires".

Dans mon cas, mon prédécesseur a eu la très bonne idée de construire un solarium avec moustiquaires, merveilleux pour profiter de l'extérieur. Il y a également une 'paillotte' et une douche/salle de bain à l'extérieur pour les domestiques. 
 

Bon, je vous vois déjà sourciller lorsque je parle de domestiques. Il est coutume et apprécié en Afrique... du moins à Kamsar... que les expatriés embauchent 1 ou 2 domestiques. J'ai donc 1 domestique de jour pour l'entretien ménager et faire la cuisine qui se nomme 'Amara' et 1 autre pour la nuit qui travaille à l'extérieur, netttoyage du terrain et gardien qui se nomme 'Cissé'... on parle de 'gardien' mais je vous rassure tout de suite, ce n'est pas une ville dangereuse. On les appelle gardien parce qu'ils travaillent à l'extérieur... ou plutôt dorme à l'extérieur... car c'est ce qui se passe une fois la noirceur arrivée :-)) 


Ha, j'oubliais, il y a 3 airs climatisés dans la maison... moi qui ne tolérait pas les airs climatisés au Québec... je me suis ajusté rapidement ici et je l'apprécie grandement. 

Saga Internet


Kamsar, Mardi 7 août 2012

Je dois d'abord spécifier que l'internet est un outil très important pour moi, c'est le moyen de conserver un contact avec mon entourage outre-mer, un accès à une source importante d'informations et également une façon de m'occuper pour différentes activités (surtout qu'il n'y a pas grand chose à faire pour s'occuper durant la saison des pluies... principalement lorsque vos effets personnels ne sont toujours pas arrivé par bateau ;)  !

Ceci étant dit, j'ai rapidement mis des efforts pour obtenir l'internet rapide... ou du moins pas trop lent... chez moi. Donc je rencontre une petite entreprise qui fournit internet, je signe le contrat et paie pour l'installation et le service mensuel. 


Étant chef de l'informatique (vous ai-je déjà dit que le "statut" prend toute son importance ici), le responsable de l'entreprise internet envoie quelqu'un chez moi le même jour. Bon, jusque là, rien à envier à Vidéotron ;))


De retour chez moi, la connexion fonctionne correctement même si ce n'est pas du haute vitesse (nous sommes en Guinée) ... pendant 30 minutes. Par la suite, plus possible de se connecter, rien du tout, nada! L'entreprise revient rapidement au travail chez moi et même un de mes employés entend le problème et se rend aussi chez moi. Bref... le service demeure du temps plein pendant plusieurs jours... la voiture de l'entreprise constamment stationnée devant mon portail et tentant de corriger le problème.


On échange les équipements... rien n'y fait! On vérifie les centrales téléphoniques du réseau, rien là non plus. On décide de changer les fils qui relie ma maison à la centrale!! Et oui, vous avez bien lu, on creuse pour déterrer et vérifier les anciens fils qui semblent avoir perdu de leur efficacité (saison des pluies??) et on les remplace par d'autres fils n'ayant jamais été utilisé...  et bingo, tout fonctionne depuis! On repassera pour les normes de sécurité ;)


Bon, il y a quelques coupures de temps en temps... si la compagnie de téléphone à la capitale ne fonctionne pas.. ou si l'on manque de courant à Kamsar... ou s'il y a trop de pluie / orages... appelons ça  l'internet petite vitesse et petite fiabilité 'point final', mais c'est quand même présent ;)  Oublions les accès internet via cellulaire, ce sera pour une autre fois!


Première visite hors des sentiers battus

Kamsar, Samedi 11 août 2012

Déjà le deuxième week end et enfin une journée planifiée avec un couple d'amis pour sortir de Kamsar et se promener en nature, pour visiter ce qu'ils appellent "Les Chutes".

Il faut tout d'abord se mettre dans le contexte suivant: La Guinée a une saison sec qui s'étend de novembre à avril/mai, et une saison des pluies qui débute en mai/juin jusqu'à octobre. Pour donner un aperçu de la saison des pluies, on parle de 2 à 5 mètres d'eau principalement en aout et septembre.   Nous sommes en août. Vous devinez que les chemins (non asphaltées dès que l'on quitte la route principale) sont dans un état désastreux... et que les "nids d'autruches" sont remplis d'eau... que de surprises sur la route! On a rien à envier avec les "nids de poule" à Montréal (c'est peu dire ;-)


Les bons côtés de la saison des pluies sont quand même là:

- il fait moins chaud (ha oui?  qu'est que ce sera dans la saison sec??)
- la végétation est à son plus bel état
- il y a de l'eau (tient donc!), cela facilite la vie de la population
- la pluie va et vient et dure rarement plus de quelques heures
- le bruit des orages, la pluie sur les tôles des maisons, belle cacophonie avec la nature et les oiseaux (très nombreux en passant)

Bon, je reviens à ma première sortie de la 'ville'. 


Nous quittons Kamsar en Toyota pickup 4X4 et prenons un embranchement vers la brousse. À partir de là, ce sont des chemins de terre parsemés de trous remplis d'eau... des étendues d'eau... mais comme on s'amusait à le répéter "le fonds est solide, le pickup va passer" et c'est ainsi que nous nous rendons "aux chutes".
 


Plusieurs intersections plus tard, nous arrivons à l'endroit désiré. En fait, ce qu'on appelle "les chutes" est un ruisseau qui sort de son lit durant la saison des pluies et qui devient une rivière avec de forts courants et quelques rapides et 'petites' chutes. De l'eau douce et claire dont les villageois profitent pour se baigner (et les expatriés aussi ;)  Nous reviendrons à la fin de la saison des pluies pour profiter de ce bel endroit.








Salimafo! Salimafo

Kamsar, Dimanche 19 août 2012


Aujourd'hui est une date très importante pour plusieurs pays d'Afrique, dont la Guinée. c'est la fin du ramadan (l'équivalent de notre carême). L'islam représente 85% de la religion en Guinée (les chrétiens 10%).

Les musulmans vont prier plusieurs fois par jour dans les mosquées, à la maison ou tout autre endroit inusité. Par exemple, au travail, plusieurs périodes de prière par jour ont été définies et les gens vont dans le stationnement prier puis retournent au travail quelques minutes plus tard. 

Durant le ramadan, c'est le jeûne pendant 28 ou 29 jours. Les gens font le  jeûne du lever du soleil jusqu'à son coucher, aucune nourriture, aucune boisson et pas d'eau pour les pratiquants. Les gens mangent donc le soir ou la nuit et déjeune avant le lever du soleil. Je suis arrivé en Guinée durant cette période, on me dit que c'est beaucoup plus tranquille à cause de cela... et moi qui trouvait qu'il y avait beaucoup de monde partout!  

Salimafo!  Salimafo!  C'est ce que tous les enfants crient dans les rues aujourd'hui dès qu'ils aperçoivent des gens. 'Salimafo' veut dire 'Bonne Fête', un peu l'équivalent de notre 'Joyeuses Fêtes' durant la période de Noel. Les gens sont coiffés, ont sortis leurs plus beaux habits colorés pour l'occasion et vont voir leurs amis et famille durant cette fête. Et lorsque quelqu'un vous approche dans la rue en criant 'Salimafo', la coutume est de lui remettre de l'argent.
J'ai rapidement compris le principe en allant faire des commissions à l'épicerie ce matin. Je sors de l'épicerie et embarque dans ma voiture, je n'ai pas le temps de démarrer que j'entends 'Salimafo'... je me retourne et un jeune guinéen revêtu d'un bel habit bleu et blanc accourt dans ma direction.

Je m'adapte à la coutume et lui remet un beau 100GNF et j'observe sa réaction. Il ne dit pas un mot et semble bien déçu... il me dit "c'est plutôt 500GNF qu'il faut donner"! Alors je lui remet aussitôt 500GNF et on se donne la main (les salutations en Guinée, c'est plusieurs fois par jour!!!) et je lui souhaite 'Salimafo'!

Combien ça vaut 500GNF ?  Le taux de change actuel est de 1 $Cad pour 7 000 GNF... je vous laisse faire  le  calcul ;)

Mon "container" tant attendue!

Kamsar, Vendredi 24 août 2012 


C'est aujourd'hui que je reçois... enfin... mes effets personnels du Canada!

Pour vous mettre dans le contexte, j'ai conclu mon entente de travail avec mon entreprise en mai, j'ai planifié mon départ en juin et juillet et j'ai soumis un 'container' de mes objets par bateau pour l'Afrique à la mi-juillet. En fin juillet j'ai quitté pour la Guinée. C'est donc presque 1 mois après mon arrivée que le tout m'est livré... pas besoin de vous dire que c'est un peu comme Noel...  plein de nouvelles choses que je pourrai enfin utiliser! 

On m'informe donc au travail ce vendredi matin que la livraison de mon container est en route pour chez moi. Je quitte donc le travail pour être présent à ma maison lors de l'arrivée de la marchandise tant attendue. Environ 1 heure plus tard, ça y est, le camion, les palettes et le 'lift' arrivent.

La chef douanière arrive avec son équipe, on va lui chercher une chaise dans ma maison et elle s'asseoit pour noter les boîtes qui sont dans ma cargaison, afin de s'assurer que tout est là et que ce qui doit être taxé est bien taxé. 

Marteau et arrache-clou dans les mains, le premier container est rapidement ouvert par les manoeuvres, et chacune des boîtes sont sorties pour ensuite être ouvertes et vérifiées. Disons que je suis pressé et que j'aimerais bien éviter ces étapes, mais ce sont les règles à suivre pour obtenir ses effets. 

À peine quelques boîtes sont ouvertes que la douanière m'interpelle et me dit "J'ai soif, vous avez quelque chose à boire?"... pas question pour moi de la contratier et retarder le processus, je lui offre rapidement un coca cola avec un grand sourire. Elle semble appréciée et l'observation de mes boites devient soudainement plutôt une formalité qu'une inspection! Ok, je dois dire que j'ai dû fournir un cola au chauffeur, aux 2 assistants chauffeurs, au 3 manoeuvres et à mon domestique pour satisfaire toute l'équipe... pour que la douanière me demande "Est-ce que tout est OK M. Mo-in?" et moi de répondre "Oui, tout est là, c'est parfait"... ce qui termina rapidement l'inspection au plaisir de tous ;-)

Bienvenue à mon four micro-onde, mon grille-pain, ma télévision, mon vélo et tout le reste qui agrémenteront mon séjour ;-)  
 
PS: Il est surprenant de constater comment chaque matériel intéresse les gens ici. Par exemple, une fois que le container a été ouvert, les cotés qui étaient en bois ont été empilés dans ma cours. Et bien, la douanière m'a demandé si je pouvais donner les planches de bois à ses manoeuvres, puis par la suite un piéton me fait la même demande, puis mon domestique de nuit, puis la vendeuse de fruits et légumes et ce matin mon gardien du week end... 

Et ça semble prendre la même tournure pour les boîtes de carton vides qui ont servi à emballer mes objets, je suis à répartir les boîtes entre les gens (ici on ne jette pas grand chose dans les poubelles, et oublions la récupération qui n'existe pas du tout) !! 


Au quotidien - 1 mois après mon arrivée


Kamsar, Dimanche 2 septembre 2012


Certains me demandent à quoi ressemble une journée ici ? Quelles sont les coutumes du peuple? Je pourrai avoir une réponse beaucoup plus complète dans quelques mois mais voici tout de même un résumé d'une journée typique (Je ne parlerai pas travail ici, c'est comme partout ailleurs, on est débordé et on ne voit pas le temps passé ;-)   

Tout d'abord le matin.... je n'ai pas de cadran mais nous avons quand même le téléphone avec des fonctions 'avancées', dont le 'wake-up call'. Je vous rappelle que nous sommes dans "La Cité", avec des infrastructures qui sont au-delà de celles du pays. Donc électricité, eau (en partie) et téléphone sont présents... un luxe pour la Guinée.

Le soleil de lève autour de 6h30 et se couche vers les 19h30, et ce, sans grande variance durant l'année. Nous sommes près de l'équateur et à l'heure 0 de Greenwich!

Les matins sont magnifiques. Un déjeuner à l'extérieur de la maison (dans le "solarium") est un moment de grande tranquilité avec la nature. Ce sont les sons de chèvres (encore!), de moutons mais surtout d'une multitude d'oiseaux. Toute sorte d'oiseaux, toute sorte de sons spectaculaires, une cacophonie en temps réel. C'est très différent des sons pour lesquels  j'étais habitué dans la belle province, croyez-moi.
Les 'moineaux' sont plus gros ici...

À l'entrée du portail
Ensuite, il y a les visiteurs imprévus dans la maison... petits lézards occasionnels, les fourmis omni présentes partout ou il y a trace de nourriture (on met presque tout dans le frigidaire pour éviter ces intrus), araignées bien entendu (beurk!)...  
Il faut être attentif en mettant ses souliers...
Et les visiteurs extérieurs qui passent au portail pour vendre toute sorte de choses, une fois les salutations faites... Lui: "Bonjour Monsieur, ça va?"   Moi: "Oui ça va, et vous, ça va bien?" Lui: "Oui ça va un peu bien!" (ne demandez surtout pas pourquoi on dit 'un peu bien'... sinon vous aurez alors une foule de raison pour lesquelles un peu d'argent aiderait pour aller "un peu mieux bien")... et les salutations se répètent plusieurs fois... avec le même individu!

Les visiteurs vendent des choses faites à la main (sculptures en bois, objets en cuirs, etc.), alors que d'autres demandent de l'argent pour leurs familles, certains s'inviteront pour aller faire de la course ou du vélo avec vous et finalement il y a les vendeuses de fruits et légumes présentes au quotidien. Ces dernières sont nombreuses et se promènent avec leurs plats sur la tête, rempli de fruits et légumes de la saison. On paie plus cher mais nous avons le tout livré à la porte, bien apprécié ici!

Pour le reste, nous avons à peu près toutes les mêmes commodités qu'au Québec dans la maison, car nous sommes dans "La Cité", ne l'oublions pas. J'ai donc laveuse/sécheuse, bain/douche, eau chaude (ici c'est plutôt l'eau froide qui est rare...), internet (intermittent), abonnement possible de canaux par satellite pour la TV, etc. Dans la ville, il n'y a pas de quincaillerie ou 'semblant' de centres d'achats, ce sont plutôt des petits kiosques improvisés sur le bord des rues et quelques épiceries avec les produits 'du moment' selon les dernières livraisons reçues par bateau. On retrouve aussi 3 petits restaurants avec menus limités (gambas, poulet, poissons... accompagnés au choix de riz, frites ou haricots verts)! Oublions les chics restos avec entrées, desserts et café.

Il y a bien sûr les domestiques. Au départ, nous sommes mal à l'aise de les voir travailler et on s'implique naturellement avec eux dans les diverses tâches, mais ceux-ci voient cela autrement et n'aiment tout simplement pas qu'on les aide... 

Le domestique de jour s'occupe de tous les travaux ménagers de la maison, du lavage et de la cuisine (un gros '+' pour moi qui ne cuisine que les repas surgelés...).  Quant au domestique de nuit, c'est l'entretien du terrain extérieur. Une fois la nuit tombée, il rejoint rapidement Morphée en dormant sur le béton de ma paillotte extérieure... on l'appelle le 'gardien de nuit' !!!

Des dangers autour de chez moi? Pas vraiment, la ville est calme, le portail (maison) se situe en périphérie (quartier d'expatriés) et les gens sont accueillants. Ce sont plutôt les moustiques et les serpents dont il faut se méfier, nombreux partout dans le pays. On entend à l'occasion des gens qui ont la malaria et d'autres qui ont eu la visite de serpents sur leur terrains, mais c'est relativement rare.
Dans la cour d'un voisin...  un cobra noir
Bon, je termine mon café et je vais allez faire un tour au marché local hors de la ville, là c'est un autre monde et c'est la réalité de l'Afrique... sujet d'un futur article!





Le marché local - l'expérience africaine!

Kamsar, Dimanche 9 septembre 2012

Avant même mon arrivée en Guinée, le guide pour le 'nouvel expatrié' était clair, on m'avait prévenu "Lorsque vous irez au marché local, allez-y d'abord avec quelqu'un qui connait l'endroit, habituez-vous à l'endroit et vous finirez par aimer la place, nous sommes en Afrique!"

Bon, ce n'est pas si pire, mais c'est quand même bien différent du Marché Jean-Talon de Montréal et du Costco! Le marché local, que l'on nomme ici "Marché Sahara" est situé hors de la ville de Kamsar, c'est donc dire que l'on se retrouve dans le vrai peuple . C'est déjà bien intéressant pour celui qui aime s'imprégner de la culture locale.

Tout d'abord, il faut dire qu'il y a beaucoup de gens, mais vraiment beaucoup. Il faut oublier le stationnement du marché, beaucoup trop de gens et voitures sans aucune règle de conduite, pour ne pas faire de jeu de mots. J'ai visité plusieurs pays mais ici, il y a un record de "désorganisation". Alors je stationne à 200 mètres de l'endroit et c'est à pied que je visite le marché Sahara.

On se retrouve dans une série de corridors abrités par des morceaux de tôles, des couvertures, du bois ou tout autre matériel pouvant protéger de la pluie. Et on marche sur la terre mais également sur de la tôle, des couvertures, du bois ou tout autre matériel pouvant aider à éviter les mares de boue (ou 'bouettes' pour les habitués ;)
 
Et de chaque coté des corridors se trouvent les commerçants. Il y a de tout ce que l'Afrique peut offrir. Des vêtements, des 'babous' (ces grandes soutanes portées par la majorité des gens musulmans), des T-Shirts avec image de super héros américains  et autres (et oui, les américains sont même ici...). Il y a aussi la section du 'Réno-dépot africain' comportant toute sorte de boulons, vis, ampoules, et autres matériaux de base.


Mais la section populaire du marché est celle des fruits et légumes ... et autres... je dis "autres" parce qu'il y a des secteurs contenant une odeur unique.... mélange de poissons ou viande ou je ne sais quoi! 

Mais revenons aux fruits et légumes... Selon la saison, on retrouve ce que les locaux ont cultivés. Actuellement, ce sont les bananes, aubergines, tomates, concombres, pommes de terres, arachides... et pour chaque achat, il faut négocier et choisir méticuleusement ses produits. Les aliments sont à l'air libre en compagnie de la pluie, de la boue mais surtout des mouches et des nombreuses mains qui explorent soigneusement ceux-ci. Une belle expérience en soi. Je comprend davantage pourquoi les aliments sont lavés à l'eau avec quelques gouttes d'eau de javel avant d'être consommés! Et pour reprendre la citation d'un ami ''Ici on ne retrouve pas de pain multi-grain mais plutôt du pain multi-main"!
Bon, en résumé, c'est beaucoup plus pour l'expérience locale que pour l'utilité de faire son épicerie que l'on visite le marché local. Il y a des marchés locaux dans chaque grande ville et les africains adorent s'y rendre et discuter avec tous et chacun, un point de rencontre naturel entre eux!




Je vous présente ''SOBÉ''

Kamsar, Dimanche 16 septembre 2012


. . . .  je n'ai pu résister à la tentation, j'ai offert d'en garder un et on m'a tout de suite remercié! Bon, retournons au tout début de cette courte histoire.

Hier, samedi matin, je pars avec un couple d'amis vers la plage de "Bélair", environ 1 heure à 1 heure et demi de chez moi. On arrive près de la destination et on bifurque vers les petits villages dans la forêt. On se rend ainsi au village de Sobanet.

Dans ce village, il y a un "grand orphelinat" financé principalement par des fonds italiens. Un bénévole sur place d'origine italienne nous fait visiter les lieux. Nous sommes bien impressionnés de constater que si loin en brousse, un complexe de cette envergure existe et abrite quelques centaines d'orphelins avec chambres, salles de classe, cuisine et cafétéria et même un petit hopital avec 2 ou 3 médecin bénévoles.

Au moment de notre visite, les lieux sont quasiment déserts, c'est dimanche et les enfants sont dans les villages avec les familles d'accueil. Mais ce n'est pas complètement désert et il y a une chienne avec sa portée de chiots. Elle a 6 chiots de 2 mois... 3 mâles et 3 femelles... qui ne cherchent qu'à trouver preneur pour s'occuper d'eux! Difficile de résister à ce petit mâle aux 4 pattes blanches à l'écart et prêt à vivre l'expérience Kamsar!!  
C'est ainsi que je me retrouve avec ce mini chiot typiquement guinéen (car ils sont presque tous identiques dans le pays) qui atteindra la taille d'un labrador... des heures de plaisir ou de nuits blanches à venir :-)  Je l'appelle "Sobé" en souvenir de son village natal 'Sobanet'! 





54 ans ....


Kamsar, Dimanche 30 septembre 2012

Non ce n’est pas mon âge… c’est le nombre d’années d’indépendance qu’aura la Guinée dans quelques jours, le 2 octobre 2012. Et un tel événement se fête en grand ici, pas question d’attendre le chiffre 55 ou 60, on fête le 54ième ce mardi 2 octobre.

Ce sera à Boké que le président de la Guinée se déplacera pour l’occasion… et la ville de Boké est très près de Kamsar! Un budget spécial a été approuvé pour l'événement afin de bâtir 9 ‘cases’ (‘paillottes’ ou ‘maisons’) à Boké. Chacune des ‘cases’ représentant l’une des 9 régions de la Guinée. Cette construction avec toutes les infrastructures liées (électricité, eau, télécomm, chemins, etc etc.) a nécessité plusieurs mois de travail.

Ici, à Kamsar, d'autres travaux ont eu lieu. Ou peut-on dépenser de l’argent pour changer le "look" de ce que l’on voit… sans que cela coûte trop cher?  Hummm?  Et bien on a une bonne réponse ici et on l’applique… c’est dans la peinture que l’on a misée. Et dans la peinture blanche svp.

Donc, depuis quelques semaines, on voit beaucoup plus de "blanc"…. Les bordures de routes, les clotures, les murs de ciment, les lampadaires, les arbres… et même mon entrée de cour n’y a pas échappé! 
Mon entrée de cour

Le 'blanc' est la tendance...

Murs et... arbres... peints
Même les  lampadaires n'y échappent pas

Et pour faire encore plus "tape-à-l’œil", on a décidé de tailler les arbres… mais à la manière africaine! Pauvres arbres, on a ravagé tout ce qui dépassait vers les rues pour je ne sais trop quelle raison… On a également profité de l’occasion pour nettoyer les rues (ça c’est une bonne idée!) et ramasser les ordures à plusieurs endroits.

Dans quelques jours, ce sera mardi férié pour célébrer 54 ans d’indépendance en Guinée, sorter vos plus beaux boubous et vener célébrer partout dans les rues, chers citoyens :-)

Scènes Typiques

Kamsar, Dimanche 7 octobre 2012


J'entame mon 3ième mois en sol Guinéen. Jusqu’à maintenant, tout va pour le mieux. Au travail, les défis ne manquent pas et l’équipe est très motivée. Les soirs et week ends passent rapidement, je suis toujours en période de découverte de ce pays africain.

Voici quelques scènes typiques que l’on observe fréquemment ici…

  • Tout d’abord la saison des pluies est à sa fin, les orages sont plus violents mais moins fréquents. Qu’arrive-t-il quand le déluge survient soudainement?  Cela dépend… ou bien les gens s’enferment dans leurs "maisons"… ou ils continuent leurs activités sous la pluie!  Il n’est donc pas rare de croiser des gens marchant pieds nus dans les rues, de voir des équipes de soccer continuer leurs parties sous les fortes averses ou de rencontrer les gens en vélo. 
  • Quand on dit que le soccer est le sport mondial, je vous confirme que la Guinée ne fait pas exception. Il y a du monde qui joue du soccer dans tous les parcs, les rues, les stationnements… même ceux qui  font du jogging ont souvent un ballon de soccer à leurs pieds. Sous le soleil ou sous la pluie, aucune excuse pour tenter de devenir une vedette mondiale de soccer!!
  • Je l’ai déjà écrit et je le réécris à nouveau, les vendeurs de toute sortes sont très présents dans le quotidien. Cependant, ce sont surtout les vendeuses de fruits et légumes qui prédominent. Au bord de la route, dans les "superrettes" (petits kiosques improvisés) ou à la porte de votre portail, elles ont toujours les plus beaux fruits et légumes aux meilleurs prix à vous offrir… en tout cas, c’est ce qu’elles racontent :-)
  • Les femmes ont très souvent des paniers sur leurs têtes, c’est un mode de vie. Elles commencent très jeunes et conservent cette habitude par la suite. Elles y transportent de la nourriture, des plats, des ‘paquets’ de branche, du linge, etc.
 


  • Les familles sont nombreuses dans ce pays  et il  est très fréquent qu’un Guinéen vous parle de ces 2 ou 3 femmes et des ses 8 ou 9 enfants (rappelez-vous, la majorité est musulmane). On rencontre souvent les femmes guinéennes avec leurs enfants sur leur dos, attachés avec une serviette ou tissus. À pied, en vélo, en moto et parfois avec leur paniers sur la tête!




  • Coté transport, c’est la marche et le vélo qui prédominent. Il y a quand même quelques motos ou voitures "fonctionnelles". Il y a aussi ces mini-bus chargés à l’intérieur de passagers alors qu’à l’extérieur on y retrouve empilées les bagages sur le toit …. Et souvent des passagers sur le toit ou à l'arrière extérieure!  La CAA et la SAAQ seraient dans un état de choc sérieux ici….    Et prudence sur les routes car on y croise bien des gens (des équipes de soccer – encore- ) et des …. chèvres, des moutons, des bœufs...!



Et pour terminer, une scène que l’on vit presque quotidiennement et que j’oublie toujours de raconter… signe que je dois m’habituer au pays… ce sont les salutations des guinéens envers les blancs… ou plutôt envers les ‘FOTÉ’. FOTÉ veut dire ‘BLANC’ en sousous. Quand on me rencontre, on me crie ‘Bonjour FOTÉ’ ou ‘FOTÉ FOTÉ’ ou ‘Hey FOTÉ’ … on vous salue, et prière de répondre… sinon il y a d’autres mots guinéens qui risquent de suivre le fameux ‘FOTÉ’ dont je ne comprends pas la signification… et pas certain que ce soit toujours positif :-)

Alors à tous les FOTÉS du Québec qui font la lecture de mon blogue…  bonne journée et bon week end de l'Action de Grâce, une fête que nous n'avons pas ici!

Le temps d'une pause café!


Kamsar, Samedi 13 octobre 2012

Samedi  matin, 13 octobre, 7h30, le soleil se lève, le week end est débuté. Assis sur ma terrasse arrière avec mon fidèle Sobé, un café à ma droite et mon ordinateur portable en face de moi (ami fidèle aussi pourrait dire certains…), je cherche quelque chose à écrire sur mon blogue.  Ce blogue qui me crée un certain lien avec les gens que j’apprécie de l’autre coté de l’océan… cet océan qui est en face de moi… mais dont la rive canadienne est si loin.

Que pourrais-je écrire pour ne pas ennuyer l’éventuel lecteur… et dire que mon premier métier d’enfance souhaité était d’être écrivain… Dieu merci, j’ai pris une autre direction! Je cherche des anecdotes africaines, des situations intéressantes, quelque chose de neuf à écrire concernant la Guinée. Rien à faire, pas d’idées. Écrire le moment présent… pourquoi pas!

Je prends une autre gorgée de café, il est encore chaud, il fait chaud. La vie se réveille autour, le son de quelques domestiques qui travaillent chez les voisins s’ajoutent au son des oiseaux qui sont présents depuis l’aube. D’autres bruits s’ajoutent… ce sont des voix au loin… mais qu’est-ce que c’est… si tôt ce matin? Le son approche, ce sont de fortes voix, non, ce sont des chants… je me lève et me dirige vers l’avant avec mon chien gardien de 3 mois… le groupe s’approche, arrive et défile devant moi dans la rue. Un chef précède la troupe dans la rue, tous habillé de la même façon, ils ne marchent pas, ils ne courent pas, ils font du jogging en chantant des refrains africains... c’est une équipe de soccer qui s’entraîne déjà! Ha ces africains! Je me retourne pour rejoindre mon chien gardien qui est allé se cacher à l’arrière sur ma terrasse et qui laisse échapper quelques aboiements discrets!

Un petit ‘refill’ de café et je reviens. Je pense à quoi faire ce week end… je n’ai rien planifié. Il n’y a pas si longtemps, j’étais le type à toujours être occupé et à courir après le temps!

Bon, quels sont mes choix pour ce week end? J’ai des livres et des films que j’ai apportés ici, on oublie le câble ou satellite TV que je n’ai pas fait installé (vieille habitude de plusieurs années). Du coté activités sportives il y a la marche, le vélo et en mettant un peu plus de préparation, il y a le kayak que je peux transporter hors de la cité pour l’exploration d’une rivière quelconque, avec prudence svp. Ajoutons l’exploration des plages sauvages et des nombreux "petits villages" à un peu plus d’une heure dans la brousse, belle option  lorsque la température n’est pas à l’orage.

Mise à part cela, il y a la fréquentation avec les autres expatriés tout près de chez moi. J’ai en effet rapidement remarqué depuis mon arrivée que notre petit groupe d’expats crée souvent des occasions pour se retrouver entre eux et combler les moments de solitude par des échanges d’idées, d’opinions ou simplement pour partager leurs expériences entre personnes vivant le même contexte dans ce pays. Nous ne sommes pas plus de 30 expatriés dans une ville de… disons 40 000 guinéens et, avec 200 000 personnes additionnelles autour de la ville. Nous sommes des canadiens, français, hollandais, algériens et italiens mandatés pour une même entreprise de 2 400 employés environ. Nous sommes la minorité visible, avec chacun nos propres cultures, dans un pays majoritairement musulmans qui a son mode de vie, son histoire, ses visions.

Le chant d’un coq se fait soudainement entendre et me sors de ma réflexion … un peu tard il me semble pour le coq… mais c’est le week end! Un autre refill… ce sera la dernière tasse de café pour la journée, autre habitude conservée depuis longtemps!

Je repense à ma liste de choix pour occuper ma journée et je constate à nouveau qu’elle est limitée…. mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle en soi. Lorsque j’ai fait le choix de partir en Afrique, j’étais à la recherche de… différences… d’inconnus… attiré par ce monde mystérieux qu’est l’Afrique, un rêve d’enfance.

J’apprends à connaître un peuple avec son histoire qui fait beaucoup réfléchir. Je découvre un monde dont se nourrir et se loger sont des priorités, pour lequel le moment présent est la base même de la vie. Difficile à décrire, il faut le vivre. C’est l’opposé du monde occidental au système capitalisme accéléré, au monde de "surconsommation", à la présence exagérée des médias…. c’est une sorte de désintoxication. Ici, les gens sont fiers de posséder le temps et ne pas posséder de montre… on vit le temps, on ne le perd pas à le planifier …. Et moi qui cherchait à planifier ma journée un peu plus haut dans ce texte…. signe que l’Afrique a encore beaucoup à m’apprendre!

Bon week end , je serai moins philosophe dans mon prochain article (sourire)!!